DE FRÉDÉRIC COUPET ET FABRICE MACAUX
Mis en scène par Fabrice Macaux
Interprété par Frédéric Coupet
Décor et costumes Frédéric Coupet assisté de Colin Champsaur
Son Frédéric Coupet et Fabrice Macaux
La dramaturgie repose sur la capacité d’un homme, David Guilloti, à s’imposer dans un milieu hostile. L’élévation sociale est-il accessible à tout être qui le désire ? Se poser la question est-ce déjà une forme d’utopie ?
À force de surveiller les salles d’un centre d’art contemporain, cet homme cogite au meilleur moyen d’améliorer le rapport du visiteur à une œuvre. Comment rendre accessible l’objet de tous les regards ? Mais cette question n’est-elle pas un crime de lèse-majesté ? Les élus de la création contemporaine et les grands organisateurs ont-ils la préoccupation de l’accessibilité d’une œuvre ? La vulgarisation a ses dangers.
Résumé
L’agent David Guilloti n’a aucune conscience de toutes ces questions à enjeux. Il est là pour aider, pour proposer ses compétences. Avec ses idées, ses croquis et ses plans, il bousculera sa hiérarchie, interpellera son directeur, ses collègues et les critiques. Le troublion se retrouve en difficulté devant son initiative. Il a peur. La grande machine du chômage rôde. Il est prêt à renoncer et retrouver « sa vie d’avant » sans problème. À moins que le salut vienne de l’étranger, d’un ailleurs que l’on espère toujours meilleur. D’une politique qui servirait la culture et non d’une politique qui se servirait de la culture.
Note
La rencontre avec Frédéric Coupet est de celle qui compte. Artiste d’envergure, il a apporté son univers tel un matériau de construction. Il n’était jamais monté sur les planches même si la représentation faisait partie intégrante de son œuvre (performances, joutes verbales).
Nous nous sommes enfermés dans son atelier, le temps d’une gestation, pour que de son vécu naisse un Don Quichotte des « masses laborieuses » bravant les affres du monde de l’art contemporain. La technique française de l’acteur consiste souvent à ramener le personnage à soi. Il est même indiqué de ne plus jouer, d’être soi avec l’autre, le personnage. La technique anglo-saxonne se situe encore dans la construction d’un personnage. L’acteur devant « s’effacer derrière le personnage ». Nous avons suivi cette piste en liaison avec l’élaboration d’un langage organique et Frédéric a peu à peu cédé la place à David.
Après neuf mois de répétitions, on peut dire que Frédéric a fait corps avec l’expression d’Antonin Artaud pour définir le travail d’un acteur : un athlète affectif.
Dans cette pièce, nous nous sommes confrontés aux mécanismes de l’institution culturelle française. Le ton de la comédie s’est très vite imposé comme une évidence. Souvent après une période d’improvisations, nous parlions de ce qui venait de se produire sur le plateau et souvent nous disions « mieux vaut en rire qu’en pleurer ». Nous avons alors posé un regard ludique sur la dramaturgie. Nous avons chassé toute revendication ou tout message pour ne pas tomber dans le piège qui nous tendait les bras, celui de l’instrumentalisation. Le spectateur se retrouvera face à une « tranche de vie » évoquée. Les films des années cinquante et soixante de la comédie italienne nous ont confirmés que David Guilloti appartenait bien à ces héros naïfs du concret et de l’absurde. Mais nous étions heureux de franchir le seuil d’une société concrète pour une société utopique quand « Le pigeon » a changé d’épaule. Ce n’était plus celui que l’on croyait. La reconnaissance a tous les pouvoirs. Coproduction Scène Nationale de Cherbourg, Conseil régional PACA, Mouvement Quotidien.Coréalisation Théâtre de Proposition.Avec le soutien de la Ville de Paris et du Conseil général du Val d’Oise