Aux pieds de la Gloire

Le centre de formation du Havre Athlétic Club (HAC) est l’un des meilleurs et des plus exigeants d’Europe, le club doyen du football français. Paul Pogba, Benjamin Mendy ou encore Dimitri Payet sont les prédécesseurs des internes qui espèrent suivre leurs traces.

Pour Abdelmalek Amara, 17 ans , 2018 est l’année décisive ; la dernière au centre pour ce jeune footballeur. Son avenir se joue maintenant, en quelques mois seulement. L’enjeu : signer son premier contrat professionnel et voir s’ouvrir la promesse de la gloire ou repartir à la case de départ dans sa cité de Saint Etienne du Rouvray, sans diplôme et sans perspective.

Autour de lui, la pression monte, ses entraîneurs, son père, et son agent négocient, discutent. Le jeune homme est talentueux mais rebelle à l’autorité. C’est un électron libre qui porte en lui une révolte profonde, celle de se développer depuis l’enfance en tant qu’athlète auprès d’une mère devenue polyhandicapée suite à son accouchement, celle de la pression que met sur lui ce père qui a rempli tous les rôles et toutes les fonctions et qui a placé tous ses espoirs d’une possible réussite sociale sur ce fils.

Aujourd’hui, Abdel doit répondre aux attentes des entraîneurs, il doit prouver qu’il a sa place au plus haut niveau. Mais on lui reproche de ne pas respecter les consignes, de n’en faire qu’à sa tête. 

Pourtant, sur le terrain, c’est celui qui fait la différence. Mais cela suffira t’il ?

C’est ce vertige que raconte le film, celui du tout ou rien que notre société engendre. Le football, dans sa démesure, en est le plus éblouissant reflet ; tandis qu’il cristallise l’un de ses enjeux les plus puissants qui la fracturent, l’argent. Et avec lui, les tensions qu’il charrie : la quête de l’ascension sociale et l’urgence de la réussite pour ces jeunes, dont la plupart sont issus de la seconde génération d’immigration ; ces « héros » de la fracture sociale qui caractérise notre société.